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LES LUNETTES DE GRAND’MAMAN.

renouvellent leur chagrin lorsqu’ils en parlent… Chez moi, ce n’est pas l’apaisement qui s’opère, et… et…

Enfin voici la chose :

En m’entendant nommer, j’entrai bien vite ; mais, pris de peur, j’eus l’idée naïve de placer mes deux mains sur les poches de mon pantalon pour en diminuer le volume. 11 se passa alors quelque chose de singulier. Les objets fondants cédèrent sous la pression, et je sentis mon caleçon de toile s’imbiber d’une sorte de jus… fait de quoi ? Moi, qui savais le contenu de mes poches, je n’osais pas y songer.

J’avançai cependant, mais avec l’air préoccupé, la démarche hésitante.

« Qu’est-ce que tu veux, grand’mère ?

— Savoir ou tu allais, mon ami.

— Mais… au jardin… Il n’est pas trois heures.

— Et d’où viens-tu ? »

En posant cette question, elle assujettit ses lunettes sur son nez.

« Là, pensai-je, voilà encore la maudite fée qui l’aura avertie. Je parie qu’elle sait tout.

— Je viens… je viens… »

Je l’ai dit. Mon gosier était absolument récalcitrant à laisser passer un mensonge. Ça m’étranglait. Je rachetais cette