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LES LUNETTES DE GRAND’MAMAN.

pas encore mon lit assez sombre pour y cacher ma honte, je me fourrai dessous.

Là, je criai jusqu’à ce que mon gosier épuisé me refusât le service. Alors, qui le croira ?… Je m’endormis.

Lorsque je m’éveillai, j’aperçus une petite lumière dans mon cabinet. Je sortis de mon coin à quatre pattes, et ayant exploré mon domaine pour m’assurer que j’y étais bien seul, je me décidai à me mettre debout à côté de mon lit.

On avait placé sur ma table, auprès de la bougie allumée, un gros morceau de pain sec et un verre d’eau… mon souper, sans doute.

J’allai vers la porte. Elle était fermée en dehors. J’étais prisonnier. Avec cela, une bonne petite odeur de rôti et le cliquetis du couteau et de la fourchette m’arrivaient par l’œil-de-bœuf.

Ma grand’mère dînait !…

Je mordis dans mon pain sec en ruminant d’affreux projets de vengeance.