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LES LUNETTES DE GRAND’MAMAN.

« Tais-toi, me dit-elle.

— Non, non, non ! »

Et je recommençai à piétiner. Mes cris étaient devenus des hurlements. Tout à coup je sentis ma tête prise dans un étau : c’était le bras de ma grand’mère… et puis… quoi ? Mon pantalon sur mes souliers, et avant que j’aie pu deviner, prévoir, me défendre., cinq ou six claques, appliquées de main de maître, je n’ai pas besoin de dire sur quelle partie de ma personne.

Comprend-on maintenant que j’aie eu quelque peine à raconter cela ?

La correction fit sur moi un singulier effet. Elle me stupéfia au point de me rendre muet.

Jamais jusque-là je n’avais reçu la moindre chiquenaude. Bien au contraire, c’était toujours moi qui avais battu les autres. La menace du fouet m’eût été aussi incompréhensible que du grec.

Ma grand’mère le savait bien. C’est pourquoi, je pense, elle s’était épargné la peine de m’avertir.

Lorsque je repris connaissance de moi-même, j’étais libre, et mon bourreau avait repris sa place.

Je ramassai à la hâte mes vêtements, je m’enfuis dans mon cabinet et refermai la porte sur moi. Puis, ne trouvant