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LES LUNETTES DE GRAND’MAMAN.

— Va à la maison », répondis-je sans la regarder.

Grand’mère, qui m’avait suivi jusqu’à la porte, m’entendit.

« Viens, mon enfant, dit-elle, on va te donner quelque chose de bon. »

Ah ! si j’avais pu supposer…

Dans l’après-midi, lorsque je réclamai mon beurre, Gertrude me répondit que la petite mendiante l’avait mangé.

Je faillis entrer dans une de mes affreuses colères d’autrefois. Mais je me retins. Je comprenais que j’avais manqué de cœur et que la leçon était vraiment méritée.

C’était si facile de prendre deux sous dans ma poche et de les donner.

Ma grand’mère m’observait en souriant.

Grâce à ses lunettes-fée, elle devinait mes réflexions, car elle me les répéta presque mot pour mot.

« Viens, ajouta-t-elle, asseyons-nous sur ce banc, » Et là, tous les deux, sous le berceau de chèvrefeuille, en face d’un beau soleil couchant, nous avons longuement causé.

Elle m’expliqua la charité.

« Nous devons la faire, mon enfant, conclut-elle. Notre cœur doit nous pousser à aider les pauvres gens, chaque fois nue nous le pouvons. Dieu lui-même nous le recommande.