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Page:Perrault - Les lunettes de grand'maman, 1885.djvu/82

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LES LUNETTES DE GRAND’MAMAN.

Immédiatement, je me mis en devoir de quitter ma culotte.

C’était une jolie petite culotte en drap marron, toute neuve ; cela avait certainement plus de valeur qu’un verre d’eau.

Je me trouvai bientôt vêtu seulement de mon petit caleçon de toile, attaché aux genoux.

Cela ne laissait pas d’être singulier. Mais je me trouvais encore très bien mis. D’ailleurs, j’avais dépassé les maisons, et je courais peu de chances de rencontrer du monde avant d’arriver chez nous.

Le petit paysan hésitait.

« Prends, prends, lui dis-je. Grand’mère sera très contente. Habille-toi vite, que je voie un peu comme ma culotte te va bien. »

Puis, une réflexion me vint.

« Ah ! attends. Ma toupie qui est dans la poche. »

Lorsque je la pris, je vis le petit pauvre la regarder avec admiration.

« Oh ! la belle toupie ! murmura-t-il.

— Tu n’en as jamais eu ?

— Non, jamais, mon bon monsieur. »

Cela me fit extraordinairement pitié. Je me sentis tout