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LES LUNETTES DE GRAND’MAMAN.

« Je me sens bien fatiguée. En allant demain matin au collège, passe chez le docteur et prie-le de venir me voir. »

Je fis la commission ; mais, comme je revenais à midi, je rencontrai M. Salmont.

« Vite, mon enfant, dit-il, elle est très mal et te demande. »

Nous nous sommes mis à courir tous les deux. Quand je mis entré dans la chambre, ma grand’mère, soulevée sur ses oreillers, semblait attendre.

« Mon cher enfant, me dit-elle, je vais retrouver ta mère et ton père. Embrasse-moi. Quand je ne serai plus là, M. Salmont, qui devient ton tuteur, te conduira à Paris, où tu dois rester jusqu’à la fin de tes études. Tu ne reviendras dans cette maison que lorsque tu auras choisi une carrière qui te permette d’y vivre tranquille. »

Et, comme je fondais en larmes :

« Mon pauvre Maurice, me dit-elle, laisse-moi la force de te parler raison. J’ai une idée sur ton avenir, un désir Je voudrais que tu te fisses médecin. Ton grand’père l’était Peu de carrières offrent à l’homme de cœur autant d’occasions d’être utile aux autres. Et nous sommes en ce monde pour faire le plus de bien possible. Ne l’oublie jamais. »