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LES LUNETTES DE GRAND’MAMAN.

Mes années de lycée n’ont point eu d’événements. J’ai travaillé, j’ai eu quelques succès… Le vieil ami à qui tu avais confié la somme mise par toi en réserve pour mon éducation a pourvu à toutes mes dépenses. Hier, il m’a rendu ses comptes. Il me reste trois cents francs que voilà, la maison, le jardin, et la vieille Gertrude qui, en onze ans, n’a pas changé, sinon qu’elle me paraît bien plus jeune qu’autrefois. Elle prétend que la clientèle doit venir bien avant la fin des trois cents francs ; et qu’avec ces trois cents francs, elle se charge de me faire vivre et bien vivre pendant six mois — cinquante francs par mois… Dieu l’entende ! Nous essayerons.

1er septembre 18..

Grand’mère, pardon… pardon à deux genoux !… Il est neuf heures du soir, et, en présence de M. Salmont, à qui j’ai remis triomphalement mon diplôme, je viens d’ouvrir le coffret fermé par toi le jour de ta mort.

Les lunettes étaient-elles vraiment fées ? Leurs branches dépouillées de leurs gaines de soie me sont apparues tout à coup… couvertes de diamants !!

En soulevant l’étui, j’ai trouvé une lettre pour moi… « À mon bien-aimé Maurice », disait l’enveloppe. J’ai ouvert.