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MARIA CHAPDELAINE

à Amos avec tous ses marmots, après un voyage que j’imagine assez mouvementé.

Ses deux garçons aînés l’avaient précédée et ils avaient acheté de l’agent des Terres publiques, moyennant la somme de trois sous l’acre, deux cents acres de terre en bois debout : ce sont les lots 45 et 46 du neuvième rang du canton de Figuery, dans la paroisse de Sainte-Thérèse d’Amos. Un peu plus tard, Madame Croteau devait se porter acquéreur du lot 44, en sorte que le domaine familial a aujourd’hui une superficie de trois cents acres.

Le choix d’un lot, c’est indiscutablement l’une des choses les plus importantes pour le colon et dont peut dépendre tout son avenir. S’il se laisse entraîner par des considérations étrangères à la terre, si, par exemple, il choisit un lot d’une valeur agricole douteuse parce qu’il est mieux boisé qu’un autre, il s’expose à de sérieuses déceptions, lorsque le moment sera venu de vivre de la terre et non du bois. Soit instinct personnel, soit conseil judicieux, les garçons Croteau avaient fait un choix irréprochable, et ils n’eurent d’autre préoccupation que la qualité du sol. L’avenir devait bientôt prouver qu’ils avaient eu parfaitement raison.

Mais ce n’est pas tout que de posséder des lots ; il importe surtout de les mettre en valeur, et le colon ne peut mettre ses lots en valeur que par une série d’opérations souvent pénibles.

Il faut d’abord serper, c’est-à-dire enlever tous les arbres et arbustes qui n’ont aucune valeur commerciale. Ensuite, il faut couper les arbres et sortir de la forêt tous ceux qui peuvent être utilisés en bois de construction ou en bois à pulpe : tel est le premier gagne-pain du pionnier. Après, il faudra ramasser tous les nombreux déchets et en faire des tas auxquels, plus tard, on mettra le feu dans un moment favorable. Nos colons disent


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