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Mesdames,



EN France, la littérature n’a jamais cessé d’exalter le courage des pionniers et l’audace des explorateurs qui, sur la terre d’Afrique, ont ajouté à la grandeur, au prestige et à la richesse de notre ancienne mère-patrie. Des livres admirables ont été écrits à leur sujet.

De même, en Angleterre, il existe toute une littérature consacrée à célébrer l’endurance et les succès que remportent, sur toutes les terres du globe, les colons britanniques.

Dans notre pays, et plus spécialement dans notre province, nos écrivains ont à peine effleuré le vaste champ qu’offrent à leur plume nos régions de colonisation et les vaillants pionniers qui les habitent. Il a fallu un demi-siècle pour donner une suite au « Jean Rivard » de Gérin-Lajoie et, encore, nous ne pouvons réclamer pour l’un de nos compatriotes l’honneur d’avoir écrit la touchante idylle de Maria Chapdelaine. C’est un Français qui a vu ce que nos yeux n’avaient pu voir, qui a ressenti ce que personne des nôtres n’avait pu ressentir, qui a observé à la place d’un Canadien-Français les mœurs si patriarcales de nos colons, et qui a écrit l’admirable chef-d’œuvre que tout le monde a lu avec attendrissement. Mais Hémon a tracé le premier sillon et son exemple sera sans doute imité. Que nos littérateurs veuillent bien se donner la peine d’observer de près nos régions de colonisation : ils y verront de grandes vertus qu’il convient de chanter, des misères et des infortunes qu’il convient d’aider, et des succès qu’il importe de citer bien haut. Que de beaux romans ils pourraient écrire qui contribueraient à faire connaître et à faire aimer des populations sympa-


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