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MARIA CHAPDELAINE

Donc, Maria Chapdelaine a refusé les offres de Lorenzo Surprenant et elle a donné à Eutrope Gagnon sa main avec son cœur.

Nous avons connu Maria Chapdelaine jeune fille et nous l’avons aimée. Nous savons la mesure de son patriotisme. Qu’est-elle devenue, plus tard, après que l’Église eût uni sa destinée à un brave colon ? A-t-elle été, à l’instar de sa mère, la femme dépareillée qu’elle promettait d’être, ou s’est-elle découragée, comme tant d’autres, aux heures de crise et a-t-elle réussi à convaincre son mari qu’il convenait de prendre la route de la ville ou celle des États-Unis ? Où est-elle aujourd’hui et que fait-elle ?

Je viens vous le dire, et, en vous le disant, je vais vous raconter une histoire strictement vraie jusque dans le moindre détail.

Comme je tiens à écarter toute fantaisie de mon récit, je dois vous déclarer qu’il importe peu que Maria Chapdelaine ait pris les traits d’Èva Bouchard, comme il importe peu également que Maria ait épousé Eutrope Gagnon ou Philippe Croteau.

Maria Chapdelaine, dans l’esprit du grand écrivain, c’est la jeune fille idéale qui, dans un pays de colonisation, a su comprendre la grandeur de la tâche à laquelle la Providence l’avait attachée et qui a su répondre aux instincts profonds de sa race.

Madame Eutrope Gagnon, ou, pour être plus véridique, madame Philippe Croteau, ce sera la femme courageuse, énergique, passionnément dévouée à sa famille, amoureusement éprise de la terre et qui, à force de patience, de labeur et de sacrifice, a réussi à créer de ses mains ce qu’il y a de plus beau au monde après la famille elle-même : un domaine familial.


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