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VITESSES DES MOLÉCULES

correspondant chacune à une lumière simple, comparable à un son de hauteur déterminé. Pourtant, si l’analyseur de lumière devient suffisamment puissant (spectroscopes à réseau et surtout interféromètres) on finit toujours par trouver une largeur appréciable aux raies les plus fines.

C’est ce que lord Rayleigh avait prévu, par la réflexion très ingénieuse que voici : il admet que la lumière émise par chaque centre vibrant (atome ou molécule) est réellement simple, mais que ce centre étant toujours en mouvement, la lumière perçue a une période plus brève ou plus longue, selon que le centre vibrant s’approche ou s’éloigne.

Dans le cas du son, l’observation nous est familière : nous savons bien que le son d’une trompe d’automobile, émis avec une hauteur évidemment fixée, nous paraît changé quand l’automobile est en marche, plus aigu tant qu’elle s’approche (car nous percevons alors plus de vibrations par seconde qu’il n’en est émis dans le même temps), et brusquement plus grave dès qu’elle nous dépasse (car nous en recevons alors moins). Le calcul précis (facile) montre que si est la vitesse de la source sonore, et celle du son, la hauteur du son perçu s’obtient en multipliant ou divisant la hauteur réelle par , suivant que la source s’approche ou s’éloigne. (Cela peut faire une variation brusque de l’ordre d’une tierce, quand la source nous dépasse.)

Les mêmes considérations s’appliquent à la lumière, et c’est ce qu’on appelle le Principe de Doppler-Fizeau. Elles ont permis d’abord de comprendre pourquoi, avec de bons spectroscopes

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