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HISTORIQUE ET CARACTÈRES GÉNÉRAUX

lée : « dans le cas d’une grande surface, les chocs moléculaires, cause de la pression, ne produiront aucun ébranlement du corps suspendu, parce que leur ensemble sollicite également ce corps dans toutes les directions. Mais, si la surface est inférieure à l’étendue capable d’assurer la compensation des irrégularités, il faut reconnaître des pressions inégales et continuellement variables de place en place, que la loi des grands nombres ne ramène plus à l’uniformité, et dont la résultante ne sera plus nulle, mais changera continuellement d’intensité et de direction… (Delsaulx et Carbonnelle.) »

Cette conception fut encore retrouvée par M. Gouy, qui l’exposa avec éclat (1888), par M. Siedentopf (1900), puis par M. Einstein (1905), qui réussit à faire du phénomène une théorie quantitative dont j’aurais bientôt à parler.

Si séduisante que soit l’hypothèse qui place dans l’agitation moléculaire l’origine du mouvement brownien, c’est cependant encore une hypothèse. J’ai tenté (1908) de la soumettre à un contrôle expérimental précis, comme je vais l’expliquer, contrôle qui va nous donner un moyen de vérifier dans leur ensemble les hypothèses moléculaires.

Si en effet l’agitation moléculaire est bien la cause du mouvement brownien, si ce phénomène forme un intermédiaire accessible entre nos dimensions et celles des molécules, on sent qu’il doit y avoir là quelque moyen d’atteindre ces dernières. C’est bien ce qui a lieu et de plusieurs

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