Page:Perrin, Jean - Les Atomes, Félix Alcan, 1913.djvu/206

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CONTRÔLE EXPÉRIMENTAL

Quelques années après, M. Bancelin, qui travaillait dans mon laboratoire, désira vérifier la formule donnée pour l’accroissement relatif de viscosité (vérification facile pour des émulsions de gomme-gutte ou de mastic). Il vit aussitôt que l’accroissement prévu était certainement trop faible.

Averti de ce désaccord, M. Einstein s’aperçut qu’une erreur s’était glissée, non pas dans son raisonnement, mais dans le calcul, et que la formule exacte devait être

cette fois en accord avec les mesures. La valeur correspondante pour se trouve alors

65·1022

remarquablement approchée. Ceci nous force à croire que les molécules de sucre ont une forme assez ramassée, sinon sphérique, et, de plus,

    à 0,5·10−7 et le coefficient de diffusion (égal aux 4/5 de celui du sucre) donneraient pour environ 66·1022. La grande incertitude dans la mesure (et même dans la définition), du rayon de ces granules invisibles (qui sont probablement des éponges irrégulières de tailles très variées) rend en somme ces résultats moins probants que ceux qu’Einstein avait tirés de la diffusion de molécules pas plus invisibles, à peine moins grosses, et du moins identiques entre elles.

    De plus, Svedberg a fait d’intéressantes mesures relatives où il compare la diffusion de deux solutions colloïdales d’or, les grains de l’une étant (en moyenne) 10 fois plus petits que les grains de l’autre : il a tiré de mesures colorimétriques cette conclusion qu’au travers de membranes identiques, il passe 10 fois plus de ces petits grains que des gros. C’est bien ce qui doit arriver, par application de la formule (si toutefois les pores du parchemin sont assez gros).

183