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PRÉFACE

devenir de plus en plus irrégulières, à mesure que nous augmenterons le grossissement de l’image toujours imparfaite que nous nous faisons de l’Univers. La densité était nulle en tout point, sauf exceptions ; plus généralement, la fonction qui représente la propriété physique étudiée (mettons que ce soit le potentiel électrique) formera dans le vide intermatériel un continuum présentant une infinité de points singuliers, et dont les mathématiciens nous permettront de poursuivre l’étude[1].

Une matière indéfiniment discontinue, trouant par des étoiles minuscules un éther continu, voilà donc l’idée qu’on pourrait se faire de l’Univers, si l’on ne se rappelait avec J.-H. Rosny aîné que toute formule, si vaste soit-elle, impuissante à étreindre une Diversité qui n’a pas de limites, perd fatalement toute signification quand on

    densité moyenne, définie dans un petit volume entourant le point donné à un instant donné, doit se rapporter à une petite durée comprenant cet instant. La masse moyenne dans le volume pendant la durée serait du genre et la densité moyenne est une dérivée seconde par rapport au volume et au temps. Sa représentation par une fonction de deux variables ferait intervenir des surfaces infiniment bossuées.

  1. Tous ceux qui s’intéressent à cette étude, auront grand profit à lire les travaux de M. Émile Borel, et tout d’abord la très belle conférence sur « Les Théories moléculaires et les Mathématiques » (Inauguration de l’Université de Houston, et Revue générale des Sciences, novembre 1912), où il a fait comprendre comment l’analyse mathématique, jadis créée pour les besoins de la Physique du continu, peut aujourd’hui être renouvelée par la Physique du discontinu.
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