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LES FLUCTUATIONS

tions particulièrement importants et simples, qui, au reste, par addition ou répétition, peuvent en définitive donner toutes les réactions. C’est d’une part la dissociation ou rupture d’une molécule en molécules plus simples ou en atomes (I2 en 2 I ; N2O4 en 2 NO2 ; PCl5 en PCl3 + Cl2 ; etc.), exprimée par le symbole général

A → A′ + A″

et d’autre part la construction d’une molécule, phénomène inverse exprimable par le symbole

A ← A′ + A″.

Si à température donnée, deux transformations inverses s’équilibrent exactement :

A ⇄ A′ + A″

en sorte que dans tout espace à notre échelle les quantités des composants restent fixes, nous disons qu’il y a équilibre chimique, qu’il ne se passe plus rien.

En réalité les deux réactions se poursuivent, et à chaque instant il se brise en certains points un nombre immense de molécules A, tandis qu’en d’autres points il s’en reforme en quantité équivalente. Je ne crois pas qu’on puisse douter qu’on pourrait percevoir à un grossissement suffisant, dans des espaces microscopiques, des fluctuations incessantes dans la composition chimique. L’équilibre chimique des fluides, aussi bien que leur équilibre physique, n’est qu’une illusion qui correspond à un régime permanent de transformations qui se compensent.

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