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LA LUMIÈRE ET LES QUANTA

Ce rayonnement est visible ou non suivant la température de l’enceinte (glacière, étuve, ou four incandescent) mais cette visibilité, importante seulement pour nous, ne mérite pas d’être considérée comme un caractère essentiel de la radiation qui, au sens général du mot, est de la lumière, et traverse le vide avec la vitesse invariable de 300 000 kilomètres par seconde.

En disant que l’enceinte est close et qu’elle est opaque, nous entendons qu’aucune influence thermique ne peut s’exercer par rayonnement entre deux objets dont l’un est intérieur et l’autre extérieur à l’enceinte[1]. C’est à cette condition qu’un thermomètre intérieur à l’enceinte atteint et garde un état invariable bien défini. Cela ne signifie pas, au reste, qu’alors il ne se passe plus rien dans la région où se trouve le thermomètre indicateur, région qui ne cesse pas de recevoir les radiations émises par les divers points de l’enceinte. Mais la fixité de l’indication donnée par l’instrument récepteur nous prouve que cette région ne change plus de propriétés, se maintient dans un état stationnaire.

Cet état stationnaire d’un espace que traverse continuellement et en tous sens de la lumière est en réalité un régime permanent de changements extrêmement rapides dont le détail nous échappe, pour les espaces et les durées qui sont à notre échelle, comme nous échappait déjà l’agitation

  1. Il est évident qu’on pourrait par des lentilles concentrer la lumière venue de l’extérieur sur un thermomètre suspendu dans une cavité pratiquée dans un bloc de glace transparent, et lui faire marquer telle température qu’on voudrait.
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