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LE CORPS NOIR

pourtant bien plus grossière des molécules d’un fluide en équilibre. On peut en effet comparer à beaucoup d’égards les deux sortes de régimes permanents qui constituent l’équilibre thermique des fluides, que nous avons longuement étudié, et l’équilibre thermique de la lumière, dont je veux maintenant préciser la notion.

J’ai rappelé qu’en tout point intérieur à une cavité close dont les parois ont une température fixée, un thermomètre marque invariablement la température qu’il marquerait au contact même de ces parois. Cela reste vrai, que l’enceinte soit en porcelaine ou en cuivre, grande ou petite, prismatique ou sphérique. Plus généralement, quel que soit le moyen d’investigation employé, nous ne découvrons absolument aucune influence de la nature, de la grandeur ou de la forme de l’enceinte sur l’état stationnaire de la radiation en chaque point, état que détermine complètement la seule température de cette enceinte.

De là résulte que toutes les directions qui passent par un point sont équivalentes. Il serait complètement sans effet de disposer des lentilles ou des miroirs de quelque façon que ce fût, à l’intérieur d’un four incandescent ; température ni couleur ne seraient nulle part changées et il ne se formerait pas d’images. Ou, si on préfère, le point image d’un point de la paroi ne se distinguerait par aucune propriété d’un quelconque des autres points intérieurs au four. Un œil qui pourrait subsister à la température de l’enceinte ne pourrait distinguer aucun objet, aucun contour,

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