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IONISATION DES GAZ

qui sans intérêt pour les ions invisibles sur lesquels a expérimenté Townsend, devient au contraire la forme intéressante dans le cas de gros ions (poussières chargées), si l’on peut mesurer leurs déplacements.

C’est précisément ce que M. de Broglie a fait sur l’air chargé de fumée de tabac[1]. Dans son dispositif, l’air est insufflé dans une petite boîte maintenue à température constante, où convergent des rayons lumineux émanés d’une source puissante. À angle droit de ces rayons se trouve le microscope qui résout la fumée en globules, points brillants qu’agite un très vif mouvement brownien. Si alors on fait agir un champ électrique à angle droit du microscope, on voit que ces globules sont de trois sortes. Les uns partent dans le sens du champ et sont donc chargés positivement ; d’autres partent dans le sens inverse et sont donc négatifs ; enfin ceux du troisième groupe, qui continuent à s’agiter sur place, sont neutres. Ainsi étaient rendus visibles, pour la première fois, de la plus jolie manière, les gros ions des gaz.

M. de Broglie a fait un grand nombre de mesures de et de pour des globules ultramicroscopiques à peu près de même éclat (et par suite à peu près de même taille). Les moyennes faites d’après ces lectures donnent pour la valeur 31,5·1013, c’est-à-dire, avec la même précision que dans les expériences de Townsend, la valeur du produit défini par l’électrolyse.

  1. Comptes rendus, t. CXLVI, 1908 et Le Radium, 1909.
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