Page:Perrin, Jean - Les Atomes, Félix Alcan, 1913.djvu/268

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
IONISATION DES GAZ

ciable. Cette observation, à laquelle on n’a pas pris garde, indique un frottement énorme. Et, en effet, de récentes mesures de Weiss plus haut signalées (98) ont montré que des poussières qui, d’après Ehrenhaft porteraient des charges très faibles comprises entre 1·10−10 et 2·10−10, avaient des déplacements qui donnent des valeurs de tout à fait normales. Ces poussières portaient donc des charges voisines de 4.5·10−10.

Millikan, ayant opéré sur des gouttelettes sûrement massives (obtenues par pulvérisation d’un liquide), a fait des expériences qui sont à l’abri de l’objection précédente. Ces gouttelettes sont amenées par un courant d’air au voisinage d’un trou d’aiguille percé dans l’armature supérieure d’un condensateur plan horizontal. Quelques-unes passent par ce trou, et, une fois entre les armatures, se trouvent illuminées latéralement et peuvent être suivies au moyen d’un viseur (comme dans le dispositif de M. de Broglie), où elles apparaissent comme des étoiles brillantes sur un fond noir. Le champ électrique, de l’ordre de 4 000 volts par centimètre, agissait en sens inverse de la pesanteur, et généralement l’emportait sur celle-ci. On pouvait alors facilement balancer, pendant plusieurs heures, une même gouttelette sans la perdre de vue, la faisant remonter sous l’action du champ, la laissant redescendre en supprimant ce champ, et ainsi de suite[1].

Comme la gouttelette, faite d’un corps non

  1. Pour tous détails relatifs aux travaux de Millikan, voir Phys. Review, 1911, p. 349-397.
245