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GENÈSE ET DESTRUCTION D’ATOMES

ront, à surface égale, le même rayonnement. Il s’agit donc d’une propriété atomique : là où se trouvent des atomes d’uranium, de l’énergie est continuellement émise. Pour la première fois, nous sommes conduits à penser que quelque chose peut se passer à l’intérieur des atomes, que les atomes ne sont pas immuables (Pierre et Marie Curie). Cette propriété atomique est ce qu’on nomme la radioactivité[1].

Il était peu vraisemblable qu’une telle propriété n’existât que pour le seul uranium. De divers côtés, on commença l’examen systématique des divers corps simples connus. Schmidt fut le premier à signaler la radioactivité du thorium ou de ses composés, comparable en intensité à celle de l’uranium. Plus récemment, grâce au grand perfectionnement des méthodes de mesures, on a pu déceler une radioactivité certaine, mille fois plus faible environ, pour le potassium et le rubidium. Il est permis de supposer que tous les genres d’atomes sont radioactifs à des degrés très différents.

Mme Curie eut l’idée d’examiner, en outre des corps déjà purifiés, les minéraux naturels. Elle vit ainsi que certaines roches (principalement la pechblende) sont jusqu’à 8 fois plus actives que ne pouvait le faire supposer leur teneur en uranium ou thorium, et pensa que cela tenait

  1. Ce mot a été introduit par Mme Curie. Il est bien entendu qu’une substance n’est pas radioactive (pas plus que ne l’est un tube de Crookes) si elle émet des rayons ionisants de façon seulement temporaire à la faveur par exemple d’une réaction chimique [métaux éclairés, phosphore en voie d’oxydation, etc.].
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