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TRANSMUTATIONS

travers des interstices, et nous devons admettre qu’ils percent les atomes, ou plus exactement les armures (95) qui protègent les atomes lors des chocs moléculaires. Il est aisé de voir, tenant compte de la densité de l’aluminium, qu’un projectile α, avant de s’arrêter, perce environ cent mille atomes d’aluminium. Nous n’en serons pas trop surpris si nous songeons que l’énergie initiale d’un tel projectile est plus de 100 millions de fois plus grande que celle d’une molécule dans l’agitation thermique ordinaire. Les pellicules métalliques soumises à ce bombardement ne semblent au reste pas altérées.

Il est sans doute permis d’extrapoler à des atomes quelconques, et de penser que deux atomes qui s’abordent avec une vitesse suffisante se traversent sans se gêner autrement[1]. Cela se comprend si l’on songe à ce que nous avons dit sur l’extrême petitesse du volume réellement occupé par la matière de l’atome (94) : si une étoile se trouve lancée vers le système solaire, supposé limité à l’orbite de Neptune, il y a peu de chances qu’elle rencontre précisément le soleil, et si de plus le mouvement relatif est extrêmement rapide, les forces d’attraction n’auront pas le temps d’effectuer un travail notable, et l’étoile ni le soleil ne seront pratiquement déviés de leur course. De même l’extraordinaire petitesse du noyau atomique rend sans doute extraordinairement rares les véritables chocs entre noyaux. Mais quelques corpuscules périphériques, moins

  1. Une balle de fusil suffisamment rapide traverserait un homme sans l’endommager.
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