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GENÈSE ET DESTRUCTION D’ATOMES

de l’aiguille électrométrique[1]. Dans ces conditions, en éloignant suffisamment la source radioactive et en limitant par une petite ouverture le rayonnement α qu’elle peut envoyer entre les deux armatures, on voit l’action sur l’électromètre se résoudre en impulsions distinctes, irrégulièrement distribuées dans le temps (par exemple de 2 à 5 en une minute), ce qui prouve de façon évidente la structure granulaire du rayonnement.

Le dénombrement se fait avec une précision plutôt meilleure que celle des scintillations, et les nombres obtenus par les deux méthodes sont égaux. Rapportant ces nombres au gramme de radium, Rutherford trouve que 1 gramme de radium en état de régime constant (avec ses produits de désintégration) émet par seconde 136 milliards d’atomes d’hélium, ce qui fait pour le radium seul 34 milliards (3,4·1010) de projectiles.

Sans passer par l’intermédiaire utilisé par Regener, Rutherford et Geiger firent alors tomber dans un cylindre de Faraday les projectiles α en nombre désormais connu qui émanaient d’une couche mince radioactive (les projectiles négatifs β, bien plus facilement déviables par l’aimant, étant écartés par un champ magnétique intense). Le quotient de la charge positive entrée dans le cylindre par le nombre de projectiles donna pour ce projectile la charge 9,3·10−10, ce qui fait pour la

  1. Un isolement exprès imparfait assurera le retour rapide de l’aiguille au zéro.