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DÉNOMBREMENTS D’ATOMES

fois la charge élémentaire, celle-ci doit être égale à 4·10−10, ce qui est en bon accord avec les autres déterminations.

115. — Dénombrement électrométrique. — Malgré cette concordance, on pouvait encore douter que les scintillations fussent en nombre juste égal à celui des projectiles. Rutherford et Geiger ont étendu et consolidé le beau travail de Regener en trouvant un second moyen, extraordinairement ingénieux, pour compter ces projectiles.

Dans leur dispositif, les projectiles α provenant d’une couche mince radioactive de surface donnée (radium C), et filtrés par un diaphragme de mica (également assez mince pour qu’ils le traversent tous), passent dans un gaz à faible pression entre deux armatures à potentiels différents, dont l’une est reliée à un électromètre sensible. Chaque projectile produit dans le gaz une traînée d’ions qui se meuvent suivant leur signe vers l’une ou l’autre de ces électrodes.

Si la pression est assez basse et la différence de potentiel assez grande, chacun de ces ions peut acquérir entre deux chocs moléculaires une vitesse assez grande pour briser les molécules qu’il rencontre en ions qui deviennent à leur tour ionisants[1], ce qui multiplie facilement par 1000 la décharge qui serait due aux seuls ions directement formés par le projectile, et la rend assez forte pour être décelée par une déviation notable

  1. Phénomène découvert par Townsend, et par lequel on explique à présent le mécanisme de la décharge disruptive (étincelle électrique).
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