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LA THÉORIE ATOMIQUE ET LA CHIMIE


partie importante, puis éventuellement l’ajuster en utilisant les mêmes crochets ou points d’attache, dans un second appareil. Cette image grossière fait suffisamment comprendre comment il peut y avoir substitution, non seulement d’un atome à un atome, mais d’un groupe d’atomes à un groupe d’atomes, et le genre même des liaisons qu’elle fait intervenir se trouve assez bien correspondre aux idées qu’on s’est faites sur la combinaison chimique.

Nous n’avons rien supposé encore, en effet, sur les forces qui maintiennent assemblés les atomes d’une molécule. Il se pourrait que chaque atome de cette molécule fût lié à chacun des autres par une attraction variable suivant leur nature et décroissant rapidement avec la distance. Mais une telle hypothèse ne conduit à aucune prévision vérifiable et se heurte à des difficultés considérables. Si l’atome d’hydrogène est attiré par l’atome d’hydrogène, pourquoi la seule molécule construite avec des atomes d’hydrogène serait-elle H2, en sorte que la capacité de combinaison de l’hydrogène avec lui-même est épuisée dès que deux atomes se trouvent unis ? Tout se passe pour nous comme si de chaque atome d’hydrogène sortait une main, et une seule. Dès que cette main saisit une autre main, la capacité de combinaison de l’atome est épuisée : l’atome d’hydrogène est dit monovalent (ou mieux univalent).

Plus généralement nous admettrons que les atomes d’une molécule sont assemblés par des sortes de crochets ou de mains, chaque liaison

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