La notion de lois communes à toutes les matières diluées, gazeuses ou dissoutes, lui fut suggérée par les recherches de divers botanistes sur l’osmose. Toute cellule vivante s’enveloppe d’une membrane qui laisse passer l’eau, mais arrête la diffusion de certaines matières dissoutes, la cellule gagnant ou perdant de l’eau suivant la concentration du milieu aqueux où elle est plongée (de Vries), ce qui forcément fait grandir ou diminuer la pression dans l’intérieur de la cellule (on sait bien que des fleurs se redressent si leur tige plonge dans l’eau pure ; elles se « fanent » si cette eau est salée ou sucrée).
Pfeffer réussit à fabriquer des cellules artificielles indéformables entourées d’une membrane de ferrocyanure de cuivre qui possède ces propriétés[1]. Quand une de ces cellules, munie d’un manomètre et pleine d’eau sucrée, est plongée dans l’eau pure, la pression intérieure s’élève progressivement, donc il entre de l’eau. D’autre part on s’assure aisément qu’il ne sort pas de sucre : la membrane de ferrocyanure est dite semi-perméable. L’excès de la pression intérieure sur la pression extérieure tend du reste vers une limite, proportionnelle à la concentration pour chaque température, qui grandit quand la température s’élève, et qui redevient la même (la cellule
- ↑ Vases de piles, en porcelaine poreuse imprégnée de précipité membraneux de ferrocyanure du cuivre. Le vase, d’abord imbibé d’eau, empli d’une solution de sulfate de cuivre, est plongé dans une solution de ferrocyanure de potassium. La membrane de précipité se forme dans le tissu spongieux de la porcelaine, où elle ne pourra se déplacer. On lave le vase, on l’emplit d’eau sucrée, on le ferme par des mastiquages robustes.