Je me déterminai à retourner chez la Valcourt,
c’était le nom de celle chez qui j’avais passé la
nuit, et qui m’avait accueillie avec affection. Le
libre accès qu’elle avait eu au logis lui acquit
ma confiance. D’ailleurs il ne me restait plus
de choix sur le parti que j’avais à prendre dans
la mauvaise situation de mes affaires ; ainsi je
me résolus à une ouverture de cœur sans réserve.
Je lui contai tout, et lui peignis l’action de
Bellegrade des plus noires couleurs ; je fis du
mieux qu’il me fut possible pour m’excuser de
mon ingratitude envers sieur Valérie, sur le
mépris que son rival avait travaillé à m’en inspirer.
La Valcourt me plaignit, entra dans mes
peines, soupira avec moi, jura contre les aventuriers,
et me conseilla de remédier promptement
à mon malheur ; mais quelle apparence !
dénuée de tout ce qui pouvait établir avantageusement
un commerce galant, je n’y voyais
aucune espérance ; toute jeune et jolie que
j’étais, ce n’était plus madame Valérie, dans
cette opulence ci-devant propre à trouver les
plus gros partis ; on ne pouvait plus mettre de
prix aux présents qu’on aurait voulu me faire
par l’estimation de ceux qu’auparavant on me
voyait.
Julie, simple et malaisée, ne pouvait plus s’attendre qu’à un bonjour, petite. Quelle chute