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LES ÉGAREMENTS


adroitement dans tout ce qui pouvait la soutenir : je ne m’étais pas attendue à cet heureux tour. Je fis sentir à la Valcourt de quelle conséquence il était de faire valoir cette opinion, quelque ridicule qu’elle fût.

L’absence de sieur Valérie m’autorisa à un autre genre de vie ; je devins plus réservée ; ma retenue en imposa à tous ces fats qui cherchaient à m’en conter. Ceux qui avaient été les premiers à envier le bonheur de Bellegrade ne le crurent plus qu’imaginaire ; je ne reçus chez moi aucun de ceux qui y fréquentaient si librement. L’éloignement du petit-maître me concilia bientôt la compagnie des honnêtes gens : M. Démery, dont j’ai déjà parlé, ne tarda pas à me faire connaître, à son air passionné, que la Valcourt ne me desservait pas. Je le voyais quelquefois chez elle ; il m’y demanda un jour la permission de me rendre ses devoirs : je lui répondis, comme il était vrai, que ma vie solitaire m’avait depuis quelque temps interdit toute société, et que la retraite dans laquelle je vivais pour le présent n’offrait rien de gracieux à quiconque ne s’y voyait pas réduit par la situation de ses affaires. Il n’en fallut pas davantage pour l’engager à m’exposer le vif intérêt qu’il y prenait ; il me dit les choses du monde les plus obligeantes. Cette conversation particulière, à