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DE JULIE


sieur Valérie, à qui je reprochais toujours intérieurement les malheurs auxquels il m’avait exposée. Mes larmes vinrent à propos appuyer l’exposition de mes peines : elles en devinrent plus touchantes. M. Démery ne put tenir à mon récit sans en être vivement pénétré. Il ne tiendra qu’à vous, mademoiselle, me dit-il, de rendre votre sort heureux ; mais je crains que cette première inclination ne vous expose à bien des chagrins. Vous risquez tout si vous n’oubliez sieur Valérie. Ses parents peuvent vivre encore longtemps ; il est jeune et par conséquent léger, une seconde passion peut facilement effacer les impressions d’une première.

On en voit tous les jours mille exemples : les jeunes gens ne se piquent pas de confiance. Je sentis bien où il voulait venir, et j’eus grand soin de le rassurer indifféremment sur ses craintes. Le trait était assez comique, les articles de convention précédaient sa déclaration ; il se montrait clairement jaloux, sans que son amour se fût autrement annoncé que par ses attentions et ses regards. Il me fallut enfin par la suite faire une raison en sa faveur. Semblable à ceux qui aiment violemment, son naturel badin et enjoué devint sombre ; je me crus obligée de témoigner prendre intérêt à ses inquiétudes : je lui demandai un jour le sujet de