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LES ÉGAREMENTS


esquisse de ses largesses, que c’était un homme à ménager. Je le pensais bien de même, et me promis dès lors d’être sage en faveur de la fortune qui nous empêcha toujours de l’être.

M. Démery avait passé, depuis son présent, trois jours sans me venir voir ; il semblait que sa délicatesse voulût éluder les justes témoignages de reconnaissance que je lui devais. Je lui envoyai Laforest, mon domestique, pour le prier de se rendre chez moi ; ce qu’il fit sur-le-champ ; mais comme il ne me fut jamais possible de lui faire entendre combien j’étais confuse et pénétrée de sa façon d’agir, je pris le parti de le lui persuader par la pleine confiance avec laquelle je lui ouvris mon cœur. J’avais arrangé mon roman, dans lequel j’avais pris soin de supprimer mon procédé envers sieur Valérie et ma faiblesse pour Bellegrade ; il n’avait été question dans notre premier entretien que de mon enlèvement et du zèle avec lequel je m’étais inconsidérément remise entre les mains de quelqu’un qui devait m’engager sa foi. Je lui parlai alors du désespoir de mes parents, de leur juste poursuite, du risque d’en être déshéritée, des craintes où j’étais de voir évanouir mes espérances, assurant que mes inquiétudes roulaient plus sur des principes d’honneur, que sur mon attachement pour