je sais à quoi je dois m’attendre : vous m’avez
forcé de parler, ainsi ne m’accusez point d’avoir
manqué en abusant de votre confiance.
On s’étonnera sans doute que M. Démery se tînt aussi exactement dans les bornes de la soumission vis-à-vis une personne aussi jeune : à quinze ou seize ans on n’inspire pas ordinairement le respect ; mais enfin il aimait, il était sur le retour, et n’osait, avec raison, espérer ce qui pouvait flatter la délicatesse.
Je ne répondis à l’aveu de sa tendresse que comme à une galanterie dont il se faisait un jeu : j’ajoutai en riant, que, pour me venger de sa plaisanterie, je ferais à l’avenir tout mon possible pour le mettre dans le cas de ne pas me tromper.
Cet air de liberté avec lequel je l’écoutai ne le rassura point sur ses craintes : il aurait souhaité du silence, du trouble, de l’embarras ; je lui fis cependant bien entendre que ma tranquillité apparente n’avait rien qui dût altérer là sienne. Il employa les expressions les plus fortes pour me réitérer que son sort était entre mes mains. La conversation s’engagea sérieusement, le sentiment devint la base de notre tendre entretien. J’exagérai les douceurs d’un agréable commerce, soutenu par l’estime et l’amour : je traitai ce dernier philosophiquement ; et ayant