me parcourus avec autant de goût que d’avidité.
Je ne pouvais concevoir l’anéantissement
de M. Démery ; il ne me paraissait pas naturel.
Cette vérification m’avait insensiblement remise
dans l’état où il m’avait laissée : je sortais de
l’eau, j’y rentrais dans une agitation… une ardeur
que je ne puis comparer qu’à ces moments
critiques où nous ne savons rien refuser. J’étais
bien éloignée de soupçonner ce que le hasard
me réservait. Rose était déjà trois ou quatre
fois entrée dans le cabinet sous différents prétextes ;
mais d’un air inquiète, qui troublait
l’heureuse disposition où je me trouvais : il
fallait qu’il y eût une étrange altération sur
son visage pour m’en être aperçue dans un
temps où je n’étais occupée que de moi. Ses
instances pour me remettre au lit me fatiguèrent,
je lui dis que je voulais être seule, et lui
ordonnai de ne point venir que je ne sonnasse.
Elle ne fut pas plutôt dehors que je pris la précaution
de m’enfermer, pour satisfaire, comme
auparavant, mon caprice. Rien ne m’échappait,
au moyen de la réflexion des glaces ; mon imagination
échauffée me rappela quelques-unes
de ces circonstances qu’on n’oublie jamais ; je
me livrai à moi-même, je recherchai l’attitude
malheureuse à laquelle avait échoué l’éloquence
de M. Démery : tout m’y parut également
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LES ÉGAREMENTS