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LES ÉGAREMENTS

Je ne fus pas plutôt rassurée sur les suites de mon aventure, que je jouis de l’inquiétude de Rose. Que j’y trouvais de charmes ! Je ne pouvais me résoudre à quitter Derval ; je ne me lassais point de lui faire répéter ce qu’il m’avait dit ; j’y trouvais un ordre, un arrangement supérieur aux précautions les mieux concertées. Mon secret n’était su que de celui qui avait le plus d’intérêt à le cacher ; point de tiers, point de confident ; les moindres soupçons au sujet de Derval, s’ils eussent été découverts, ne pouvaient que porter sur Rose, qui n’aurait pu détruire les preuves d’un commerce particulier qu’elle entretenait déjà depuis quelque temps avec lui. Tout contribuait à notre tranquillité, nous en profitâmes pour nous prouver un amour réciproque, et trouver les moyens de nous assurer dorénavant un bonheur que nous n’avions dû qu’au hasard. Il nous fallut cependant nous séparer après deux heures d’entretien, où nous n’avions sûrement pas perdu notre temps : il me réitéra ses caresses, et rentra dans son armoire.

Quelle différence de lui à M. Démery ! je puis dire à sa louange qu’après de très fréquentes récidives sa retraite fut encore des plus brillantes. J’ouvris la porte et sonnai Rose, qui ne me fit pas attendre ; jamais elle ne me parut plus diligente et plus maladroite. Son embar-