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DE JULIE


inattendu que je lui avais donné de préparer le bain l’avait jetée dans un nouvel embarras : à peine avait-elle eu le temps d’y descendre et d’en ouvrir la porte, qu’elle m’avait entendue dans le corridor qui y conduisait. Elle n’avait eu d’autre parti à prendre que de pousser Derval dans une armoire vitrée, d’où rien ne lui était échappé, et de laquelle je l’avais vu sortir avec autant de surprise que de confusion. De là l’inquiétude et l’extrême altération que j’avais remarquée sur le visage de Rose.

Ce que m’apprit Derval me mit bien à mon aise, à quelques petits mouvements de jalousie près, qui ne durèrent qu’autant de temps qu’il lui en fallut pour les dissiper. La rivalité de Rose n’avait rien dans le fond d’offensant : je pouvais me regarder comme le principal but de cette intrigue. J’avais joué dans cette scène le rôle le plus intéressant ; d’ailleurs le plaisir de tenir un objet aimé des mains d’une rivale nous venge bien agréablement des moments qu’elle nous a dérobés ; car enfin l’heureux événement qui m’avait mise entre les bras de Derval, n’avait été nécessité que par les mesures qu’elle avait prises elle-même pour le recevoir entre les siens ; ce dont je n’eus cependant pas lieu de m’apercevoir au style vigoureux dont il m’exprima son ardeur.