le tranquilliser. Il s’habilla, nous descendîmes,
on servit ; la compagnie, disposée à nous agacer,
ne nous fit point grâce : les propos s’égayèrent
à nos dépens, on nous fit toutes sortes de niches,
et peu s’en fallut que M. Démery ne se déconcertât ;
mais il prit enfin le dessus, et rappelant
sa vivacité ordinaire, il se prêta au badinage,
qu’il assaisonna lui-même des saillies les plus
spirituelles. La journée se passa avec toute la
gaieté possible : il ne fut question de rien entre
lui et moi. Le lendemain il me demanda sa
revanche avec tant d’instances qu’il fallut me
rendre ; ce jour lui fut plus heureux que le précédent ;
mais quelle différence de lui à Derval !
qu’un acte de complaisance est insipide ! J’eus
cependant la politesse de lui en imposer par le
manège ordinaire qui caractérise l’accomplissement
du désir ; soupirs, langueurs, transports,
rien ne fut épargné : les apparences les plus flatteuses
l’assurèrent d’un goût décidé, qui par la
suite m’assura toute sa confiance.
Il y avait déjà huit jours que nous étions à la campagne, lorsque quelques affaires nous déterminèrent à retourner à la ville. Nous nous quittâmes tous satisfaits les uns des autres, avec promesse de nous retrouver au plus tôt. On s’imagine bien que mon premier soin à Bordeaux fut de chercher les moyens de voir Derval, avec