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LES ÉGAREMENTS


pour m’y amuser, il se trouverait trop heureux d’y pouvoir réussir. Je lui répondis sur le même ton, en lui témoignant l’embarras où je serais infailliblement de soutenir l’idée avantageuse qu’on lui avait donnée de moi ; que je le priais de se prêter au badinage de son amie. Celle-ci repartit, avec dignité, que l’éloge n’était jamais chez elle que l’effet du discernement. M. Demelville était un petit homme à manières, enivré de lui-même, dont le moindre défaut était celui de ne s’en croire aucun ; d’autant moins aimable qu’il cherchait plus à le faire ; se respectant autant qu’il méprisait les autres ; ne s’énonçant jamais que de concert avec sa chevelure ; guindé dans ses expressions ; faisant le capable ; dictant ses décisions ; interrogeant toujours, ne répondant jamais ; piquant sans esprit, et jouant alternativement la pétulance du petit-maître et la gravité du Magistrat. Ces petits talents réunis lui avaient acquis un despotisme décidé sur le cœur de madame du Bellois, à laquelle il avait la complaisance d’aider à manger un revenu assez honnête que lui avait laissé depuis peu la mort de son mari, homme fort à son aise, qu’elle avait épousé en secondes noces.

Deux de ses nièces, auxquelles elle ne pouvait pardonner d’être plus jeunes qu’elle ; son cou-