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LES ÉGAREMENTS


je philosophai lubriquement sur cette fermentation générale qui réduit le moindre insecte à la nécessité de se reproduire par l’appétit du plaisir, qui est naturel à tous les êtres. Qui peut, me disais-je à moi-même, avoir introduit ces règles austères, ces principes de continence par lesquels il serait honteux d’exiger indifféremment du premier venu ce qui lui procurerait du plaisir à lui-même ? Ne serait-ce point des voluptueux, qui eussent senti que le plus ardent désir est ordinairement enfant de la contrainte ? Me dira-t-on que cet usage tend au bien de la société ? je le nie ; car enfin cette société est un tout composé de plusieurs parties, qui trouveraient infailliblement leur compte au petit arrangement que je me figure. Ce qu’on dit du tempérament est un besoin comme celui de boire et de manger. Bien d’autres que nous n’ont point cette politique ; les Anses, le Nazamones, les Massagettes et autres ne se gênent point ; il n’y a chez eux de nécessaire à cet acte que le consentement des parties ; ils ne regardent point comme brutale une action qui n’est point revêtue des formalités du secret et des bienséances ; qu’avec raison Montaigne dit que nous sommes bien brutes d’appeler brutale l’opération qui nous fait ! À ce raisonnement je voulus faire encore succéder ma lecture ; mais je n’eus pas