les yeux dessus mon livre, que j’entendis près
de moi respirer quelqu’un qui semblait se réveiller :
un petit mouvement de frayeur me fit
retirer ; mais qu’on se rassure aisément quand
on est amoureuse ! Je retournai tout doucement
vers le feuillage d’où j’avais entendu quelque
bruit, et je ne fus pas peu surprise d’y trouver
une jeune fille endormie, d’environ seize ans,
dont la figure était aussi régulière que jolie.
Que de grâces répandues sur toute sa personne,
quoique fort simplement mise ; je ne ressentis
point, en vérité, ce premier mouvement de
jalousie dont on nous accuse à l’aspect de celles
dont les agréments égalent ou surpassent les
nôtres. Mon cœur se décida pour elle : que de
charmes ne trouve-t-on pas dans une belle
peau, des couleurs vives, une bouche coupée
par les grâces, de belles dents, un menton
gracieux, un nez proportionné, des sourcils
dessinés et un honnête embonpoint ! Qu’on se
laisse aisément prévenir par un extérieur avantageux !
Son ajustement, assez médiocre, me
rassura sur l’embarras où j’étais de m’y prendre
pour satisfaire ma curiosité à son sujet. Impatiente
enfin de lui parler, je réveille ma dormeuse,
en lui représentant le danger qu’il y
avait à dormir dans ce bois, où une fille ne
pouvait être en sûreté ; elle me témoigna quel-
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DE JULIE