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DE JULIE


raison qu’une fois découvert je ne reçusse un congé dont la seule idée me désespérait. Voilà mon histoire en deux mots ; elle n’est pas, comme tu vois, surchargée d’événements. La vieille dame d’Agen, au service de laquelle j’allais entrer, n’était que de ma façon. À peu près, lui répondis-je, comme le portrait que je fis pour t’en dégoûter. Je n’appris rien de plus pour lors de la famille de Vépry, dans laquelle j’avais déjà entré sans le savoir, comme on le verra par la suite.

Nous convînmes de redoubler nos soins pour que rien ne transpirât de notre secret ; je m’observai même sur les égards que j’avais pour Cécile. Qu’en particulier je dédommageais bien mon amant de la tendresse que je n’osais lui témoigner au dehors ! Il ne se passait guère de soir que l’ajustement de femme de chambre ne fournît matière à quelque plaisanterie, qui se terminait toujours au profit de notre ardeur. Nous jouissions enfin ; nos plaisirs pour être tranquilles ne perdaient rien de leur vivacité : nous nous aimions sans nous assujettir à toutes ces béatilles de l’amour qu’on trouve si nécessaires aux tendres engagements : point de querelles, point de tracasseries, point d’orage enfin, un calme continuel nous invitait à savourer des douceurs inaltérables. Une seule chose nous