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LES ÉGAREMENTS


porte, avec ordre de ne plus se présenter dans la maison. Celle-ci avait effectivement rendu en plaisantant ma proposition à sa maîtresse, qui lui ayant, sur le même ton, donné cette idée, voulut examiner après si elle n’en profiterait pas.

Quoique mon père parût se rendre aux instances que lui fit Dona Thérésa pour obtenir qu’il ne me maltraitât point, je sus bien dès lors à quoi m’en tenir ; il me ramena au logis, où il voulut s’éclaircir sur l’essentiel : les deux louis lui tenaient à cœur. Je mentis le plus vraisemblablement que je pus, sans qu’il eût la complaisance de me croire ; il courut à son argent, où il trouva bientôt de quoi lever ses doutes : j’essuyai toute la colère d’un père qui n’est pas d’humeur de payer si cher les plaisirs de son fils. Il me menaça de payer pour mon coquin de frère, et dès le lendemain on me conduisit à une espèce de prison, où j’étais depuis quatre mois, lorsque j’obtins d’une de mes sœurs les habits sous lesquels je me suis enfin échappé, et qui m’ont procuré l’heureuse occasion d’entrer à ton service. Après avoir été si peu chanceux dans une première intrigue, il ne faut pas s’étonner si j’ai toujours craint quelque nouveau contretemps. et si ma timidité ait retardé si longtemps mon bonheur : je t’aimais, et tremblais avec