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LES ÉGAREMENTS


Vous jugez bien, ma chère Julie, me dit-elle, qu’au peu de précautions que nous prenions, mon amant et moi, je ne pouvais éviter les accidents attachés à un commerce aussi fréquent. En effet, six mois après votre départ, je m’aperçus, à n’en pouvoir douter, des progrès de nos tête-tête. Il m’avait toujours flattée jusque-là de m’épouser ; mais sollicité par l’avidité de ses parents, qui lui firent espérer un bénéfice, il accepta la tonsure, sans avoir égard à l’état dans lequel il m’avait réduite. Il est inutile de vous peindre le chagrin avec lequel je me vis abandonnée : que ne tentai-je point auprès de mon infidèle pour essayer de le ramener ! mais inutilement. Prévoyant ne pouvoir plus longtemps cacher ma grossesse, je pris le parti de disparaître sans rien dire, et de me rendre à Paris chez une sage-femme, où je fis mes couches. La petite fortune dont je jouis actuellement, je ne la dois qu’aux cris perçants que m’arracha la douleur d’un accouchement des plus pénibles ; ces mêmes cris touchèrent et excitèrent en même temps la curiosité d’un certain milord Dempton, Anglais fort à son aise, logé vis-à-vis les fenêtres de la sage-femme et tourmenté d’une rétention d’urine à laquelle avait échoué tout l’art de la Faculté. La sage-femme qui n’avait pas toute la discrétion possible, nous entretint l’un