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DE JULIE


de l’autre : je me souvins d’un remède innocent, dont mon père s’était servi dans la même maladie que celle du milord, je lui en fis donner la recette. Le hasard ou les dispositions secondèrent l’éloge que je lui avais fait faire de mon remède ; car il eut un plein succès. Transporté d’une guérison aussi prompte, il voulut me témoigner sa reconnaissance : nous nous vîmes, je lui plus, et sans biaiser il débuta le second jour avec moi par un compliment aussi simple qu’intelligible.

Mademoiselle, me dit-il, si j’avais à vous offrir les agréments d’une première jeunesse et d’une jolie figure, jaloux de vous plaire, j’attaquerais votre cœur dans toutes les règles de la galanterie. Je connais tout le prix et la délicatesse d’un amour réciproque ; mais il y aurait de la vanité à moi de prétendre vous inspirer d’autres sentiments que ceux de l’estime. Les amours s’effarouchent lorsque c’est la raison qui veut les enchaîner : celle-ci n’a de droit que sur l’amitié ; je vous demande la vôtre et vous offre la mienne, avec quelques revenus suffisants à l’état d’une personne raisonnable. Différent des autres hommes, la petite catastrophe à laquelle je dois, et le bonheur de vous connaître, et la santé que vous m’avez procurée, n’a rien qui puisse me faire aucune impression. Ne croyez