Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/230

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
206
LES ÉGAREMENTS


avais moins jusqu’alors été exercée ! Quelle affreuse réduction pour une jeune personne qui avait toujours joui des avantages attachés à la vie d’une jolie femme ! Un malheur ne va jamais sans un autre ; deux jours après avoir été arrêtée, M. Morand se rendit promptement à Aix pour me donner avis de quelques bruits sourds qui avaient transpiré sur le compte du banquier chez lequel j’avais placé mon argent : il apprit mon aventure avec autant de surprise que de chagrin, et retourna à Marseille sans pouvoir me parler. Il était encore temps de profiter de son avis, si je l’eusse pu recevoir, car la faillite n’arriva que cinq jours après ; j’aurais pu prendre des précautions pour sauver mes deniers de cette malheureuse banqueroute, que j’appris au fort de mes chagrins, et qui, comme on peut bien le croire, ne contribua pas à les adoucir. Il y avait près de trois mois que j’étais en prison, où je menais une vie languissante, quoique beaucoup moins gênée que dans le commencement, lorsqu’on m’assura qu’un des deux coquins en question avait été arrêté pour vol à Lambesc ; cette nouvelle me donna un rayon d’espérance ; je commençai à me flatter de me voir entièrement justifiée : néanmoins les longueurs qu’il fallait essuyer encore me firent faire une tentative que j’aurais hasardée