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DE JULIE


justice comme auteur de l’assassinat qu’on avait voulu exécuter, et c’était sur sa déposition que j’avais été arrêtée. Triste nécessité que d’être réduite à se justifier de ce qui nous fait au contraire répandre les larmes ! Oui, j’étais plus inquiète pour Vépry que pour moi-même : quelles affreuses réflexions cependant n’eus-je point à faire, lorsque je me considérai sans parents, sans amis, sans consolation, livrée aux horreurs d’une prison ; innocente à la vérité, mais exposée à l’effet de quelques malicieuses apparences qui prononçaient contre moi, et sur lesquelles le temps et de longues informations pouvaient seuls me justifier ! Car enfin, quoique dans la déposition du nommé Simon il ne fût question que de la commission que je lui avais donnée d’amener le jeune homme que je l’avais chargé d’épier, il ne s’ensuivait pas pour cela que je n’eusse pu, à son insu, attirer pour faire le coup les deux autres qui avaient disparu, et qui malheureusement pour moi ne se retrouvaient plus. Je subis plusieurs interrogatoires, et fus confrontée avec les deux prisonniers : j’éprouvais enfin toutes les horreurs auxquelles expose ordinairement l’état le plus malheureux de tous, qui, selon moi, est celui des criminels. Que de larmes ! que d’affliction ! que de douleurs ! d’autant plus difficiles à supporter que j’y