avait arrêté en dernier lieu ne faisaient aucune
mention de moi. J’aurais bien désiré attendre à
Avignon la fin de cette affaire ; mais craignant
qu’elle ne traînât encore du temps, je me déterminai
à partir pour Paris, sous mon premier
nom de Julie. Je me mis en route avec d’autant
plus de confiance, que j’appris, trois jours avant
mon départ, que le nommé Simon avait été
élargi. Une chaise me mena jusqu’à Lyon, où
je pris la diligence, dans laquelle il se trouva
fort bonne compagnie. Nous n’étions que six,
et notre voyage se trouva aussi instructif
qu’amusant, par les fréquentes disputes qui
s’élevèrent sur différentes matières, entre un
nouvel échappé des bancs, encore hérissé des
termes de l’école, et un homme de fort bon sens,
dont les opinions étaient d’autant plus séduisantes
qu’il les exposait avec tout l’art nécessaire
pour les faire recevoir. Nous fûmes en cinq
jours de temps rendus à Paris, sans autre accident
que celui de la fatigue inévitable à gens
fort cahotés, auxquels on n’a pas laissé le temps
de dormir. Descendue de la diligence je retirai
ma malle, pris un fiacre et me fis mener rue
des Deux-Écus, à l’hôtel de Carignan, que l’on
m’avait indiqué. Le lendemain il ne fut pas
plus tôt jour que j’allai faire des emplettes : je ne
m’étais fait faire à Avignon rien que de fort suc-
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Apparence
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DE JULIE