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LES ÉGAREMENTS


présenter la nécessité de remplir auprès de la moribonde quelques fonctions de mon ministère ; mais occupée de ma métamorphose, et de la bonne figure que j’aurais à exhorter cette vieille âme au voyage qu’elle était sur le point d’entreprendre, j’eus l’imprudence de rire et de fermer la porte au nez de la troupe qu’un saint zèle m’avait députée : au lieu de chercher quelqu’un de plus complaisant que moi, on s’amusa à m’invectiver et à me chanter des litanies, dont il fallut que la pauvre agonisante s’accommodât faute de mieux. À peine fut-elle morte qu’on clabauda de nouveau : de sorte que, craignant quelque éclaircissement fâcheux, je quittai ma chambre sans mot dire, et m’en allai en louer une autre part.

N’ayant pas longtemps à rester à Avignon, je ne me fis faire simplement que le nécessaire : outre que je ne voulais pas me charger d’effets, toujours embarrassants dans un voyage, j’avais à ménager mes fonds jusqu’à Paris, où j’avais résolu de me rendre, et où je serais plus à portée de trouver des ressources, et à même de faire des emplettes. M. Morand, que j’avais prié de me mander ce qui se passait à Aix, m’écrivit que ma fuite avait fait du bruit, et donné lieu les premiers jours à des conjectures désavantageuses ; mais que les dépositions de celui qu’on