rût, qui était la Daigremont, une nièce qui faisait
bravement venir l’eau au moulin ; que c’était
une petite gueuse qui avait commencé le métier
de bonne heure ; qui si elle avait voulu
s’en tenir à un gros monsieur qui lui faisait cent
fois plus de bien qu’elle ne méritait, elle aurait
été plus heureuse qu’une petite reine ; que
M. Poupard était un honnête homme, qu’elle
le savait bien, puisque son mari était depuis
douze ans frotteur dans la maison ; mais que la
petite coquine s’était fait enlever par son neveu,
qui l’avait, comme c’est la coutume, plantée là
pour en prendre une autre ; que c’était bien
fait : réflexion à laquelle il me fallut bon gré
mal gré applaudir ; que depuis ce temps-là
l’oncle et le neveu ne pouvaient se souffrir. Je
lui demandai, sans faire semblant de rien,
quelques éclaircissements sur ce neveu, elle me
répondit que sieur Valérie, dont le père était
mort depuis deux ans, était fort riche ; qu’il
jouissait de son bien ; qu’il demeurait rue du
Colombier, faubourg St-Germain ; qu’il ne voulait
point se marier, mais qu’il avait toujours
quelque guenuche avec lui. Je remerciai ma
gazette, la payai largement, et m’en revins chez
moi réfléchir à ce que je venais d’entendre.
L’opulence de sieur Valérie m’inspira quelque retour pour lui : persuadée qu’il m’avait