était la plus proche. J’y fus bientôt assaillie
d’une infinité de bonnes gens, qui croyant me
soulager, m’assassinaient de questions. Je distinguai,
parmi ceux qui étaient autour de moi,
une femme d’un certain âge, assez bien mise,
qui me regardait avec toute l’attention possible :
elle me demanda où je demeurais, et m’offrit de
me reconduire lorsque je serais tout à fait remise.
J’acceptai l’offre qu’elle me faisait, d’autant
plus volontiers que je voulais me débarrasser
des autres : je lui dis que je ne demeurais
qu’à quatre pas ; et ayant remercié les gens
chez lesquels je m’étais reposée, nous nous
acheminâmes vers mon logis. Comme je n’étais
revenue de mon saisissement que les larmes
aux yeux, cette Dame, qui ne manquait pas de
pénétration, avait tiré vaguement quelques conjectures ;
elle hasarda avec moi quelques questions,
auxquelles je ne répondis que par de profonds
soupirs, qui ne diminuèrent rien de sa
curiosité. Quelque répugnance que j’eusse à
laisser monter ma conductrice à mon misérable
cabinet, il fallut m’y résoudre : nous ne fûmes
pas plutôt entrées qu’il me prit une faiblesse ;
on me mit au lit, et on me saigna pour prévenir
les suites du coup que je m’étais donné à la tête.
Cette bonne dame se prêta du meilleur cœur
du monde à tout ce qui pouvait me soulager.
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LES ÉGAREMENTS