Aller au contenu

Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/255

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
231
DE JULIE

Étant tranquille dans mon lit, je me rappelai le souvenir de ce temps où sieur Valérie à mes genoux ne respirait, ne vivait que par moi : je trouvai dans mon accident une inhumanité, un acharnement du sort, qui, non content de mon malheur, me traînait encore sous ses coups, pour y être la victime de son faste ; cette réflexion me déchira le cœur. Je l’ai bien mérité, me dis-je en moi-même, au travers des sanglots et des larmes, dans lesquels me surprit cette dame, qui venant de s’entretenir à mon sujet avec la Remy, s’approcha de mon lit pour voir si je reposais : elle en avait tiré tous les éclaircissements que celle-ci avait pu lui donner. Avant de s’en aller elle me fit offre de ses services, m’exhorta à me tranquilliser, et m’assura qu’elle voulait absolument trouver l’occasion de m’obliger ; qu’il fallait se mettre au-dessus des chagrins ; qu’on était toujours à temps de remédier à tout, quand on savait être raisonnable. Elle me dit ensuite adieu, m’embrassa, et m’assura qu’elle viendrait me voir le plus tôt qu’elle pourrait.

Il est inconcevable combien je me trouvai soulagée des obligeants discours de cette honnête personne : quand le malheur est au comble, les moindres changements ne peuvent qu’être favorables. C’est d’ailleurs une grande consolation