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LES ÉGAREMENTS


pour les malheureux, de trouver des gens qui s’intéressent à leur infortune. Ma vieille, transportée des discours édifiants de cette charitable dame, c’était son terme, la regardait comme une prédestinée, dont le maintien et la physionomie annonçaient les pieux sentiments. Nous ne nous entretînmes le reste de la journée que de mon heureuse rencontre : il n’y avait que l’idée du sieur Valérie qui me tourmentait de nouveau. À peine était-il neuf heures sonnées le lendemain, qu’on frappa à la porte ; la Remy ouvrit, et par un Dieu soit loué, et un grand signe de croix, m’annonça que c’était ma bonne amie. Ne sachant pas son nom, ce fut celui qu’elle lui prêta. Vous voyez, me dit-elle avec affection, que je suis de parole ; je n’ai eu que le temps d’aller aux Augustins, et je suis venue tout de suite pour vous trouver au lit. Aux Augustins, repartit la vieille ! voyez cette chère dame de Dieu ! on ne va pas là qu’on n’y ait affaire ! Nous nous fîmes beaucoup d’amitié : elle m’apprit qu’elle se nommait Mont-Louis. Pendant que la Remy était occupée à tracasser, elle me dit qu’il fallait que nous eussions une petite conversation ensemble, qu’elle voulait que je n’eusse rien de caché pour elle ; que quand elle aimait une fois elle aimait bien ; qu’il n’était question que de remédier à de pe-