Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/258

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
234
LES ÉGAREMENTS


jura de ne rien lui cacher de mes affaires, m’assurant que ma confiance ne serait point infructueuse : elle m’offrit dès lors de l’argent, qu’elle me força d’accepter, et m’arracha enfin par ses caresses une partie de mes aventures avec sieur Valérie. Que cet aveu me coûta vis-à-vis d’une femme dont l’apparente régularité seulement inspirait le goût de la vertu ! Le refus que je venais de faire en sa présence me mettait cependant plus à mon aise avec elle, et soulageait un peu l’humilité à laquelle m’avait exposée la décoration de mon indigence. Elle m’écouta avec bonté, me représenta le danger auquel on s’exposait, quand on donnait trop au feu de la jeunesse, et qu’on négligeait les avis des personnes prudentes et consommées dans l’usage du monde ; me demanda de lui abandonner entièrement le soin de ma conduite ; me pria de la regarder comme une bonne mère qui voulait réunir mes intérêts aux siens ; me témoigna qu’elle serait charmée de me voir chez elle profiter de ses conseils ; qu’elle avait deux nièces qui faisaient toute sa consolation, qu’elles seraient charmées de partager avec moi sa tendresse ; que Mimy et Dorothée faisaient les délices de ceux qui les connaissaient : elle me représenta que l’endroit où j’étais n’était point habitable ; elle ajouta enfin nombre d’autres