jura de ne rien lui cacher de mes affaires, m’assurant
que ma confiance ne serait point infructueuse :
elle m’offrit dès lors de l’argent, qu’elle
me força d’accepter, et m’arracha enfin par ses
caresses une partie de mes aventures avec sieur
Valérie. Que cet aveu me coûta vis-à-vis d’une
femme dont l’apparente régularité seulement
inspirait le goût de la vertu ! Le refus que je
venais de faire en sa présence me mettait cependant
plus à mon aise avec elle, et soulageait un
peu l’humilité à laquelle m’avait exposée la décoration
de mon indigence. Elle m’écouta avec
bonté, me représenta le danger auquel on s’exposait,
quand on donnait trop au feu de la jeunesse,
et qu’on négligeait les avis des personnes
prudentes et consommées dans l’usage du
monde ; me demanda de lui abandonner entièrement
le soin de ma conduite ; me pria de la
regarder comme une bonne mère qui voulait
réunir mes intérêts aux siens ; me témoigna
qu’elle serait charmée de me voir chez elle profiter
de ses conseils ; qu’elle avait deux nièces
qui faisaient toute sa consolation, qu’elles
seraient charmées de partager avec moi sa tendresse ;
que Mimy et Dorothée faisaient les délices
de ceux qui les connaissaient : elle me
représenta que l’endroit où j’étais n’était point
habitable ; elle ajouta enfin nombre d’autres
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LES ÉGAREMENTS